Communication et photos de l’évènement

Presse

“En septembre 2015, la « photo du petit Aylan » échoué sur les plages turques s’imprimait en Une des quotidiens du monde entier. Aujourd’hui, c’est le démantèlement manu militari de la jungle de Calais qui monopolise les médias… à croire que les images et les mots, aussi graves soient-ils, glissent dans un vacuum. Pour tenter non pas d’en sortir, mais de prendre un peu de recul, le dessinateur Olivier Ploux compose un abécédaire illustré de l’actualité politique quand le monde entier a les yeux rivés sur le match Trump / Clinton. À travers un graphisme sobre, des aplats de couleurs vives et un humour acide, ses séries de dessins radiographient cette nébuleuse sociale, politique et culturelle où l’alcoolisme et l’austérité emboîtent le pas au Brexit, au Printemps arabe et au festival de Cannes, aux côtés des personnalités politiques les plus douteuses…”

 

Olivier Ploux met l’actu en images chez Flux

Exposition L’espace carougeois montre le travail incisif d’un jeune graphiste annécien.

Ils sont dos à dos, comme avant un duel. Deux silhouettes noires dont seul le haut de la chevelure sort de l’ombre, illuminé par un rai de lumière blonde. Hillary et Donald sont-ils si différents qu’ils veulent nous le faire croire ou partagent-ils davantage que la couleur d’une mèche et l’ambition de devenir le 45e président des Etats-Unis d’Amérique? Voilà le genre de réflexions qui vient au spectateur du travail d’Olivier Ploux, actuellement présenté chez Flux Laboratory, à Carouge.

Tirée d’une vaste série intitulée Des mots en images, la vingtaine de pièces montrée à la rue Jacques-Dalphin propose une vision percutante et efficace de l’actualité. Séisme en Italie, essais nucléaires nord-coréens ou coûts humains de la crise agricole, rien n’échappe au trait minimaliste et acidulé de ce jeune artiste français établi à Annecy, qui s’est lancé dans l’illustration «à titre récréatif» il y a quelques années, parallèlement à son activité de graphiste.

Moulinette impertinente

Sur le mode de l’affiche pop, Olivier Ploux passe à la moulinette de son impertinence les événements et les personnalités politiques de notre temps. Il affuble Mao d’un masque à oxygène pour évoquer la pollution qui sature l’atmosphère des Pékinois; laisse entendre, en figurant un rouleau de papier toilette écarlate qui se prend pour un tapis rouge, que le Festival de Cannes n’est pas qu’un bain pailleté de glamour et de gloire; ou souligne le despotisme de Bachar el-Assad en remplaçant sa moustache par une lame de rasoir.

C’est pour éviter de «s’éparpiller» que le trentenaire a choisi de cadrer son activité d’illustrateur par un motto: mettre les mots en images. «Au début, je m’inspirais en piochant simplement dans le dictionnaire, explique-t-il. Puis progressivement, je me suis emparé des thèmes d’actualité, qui nous submergent littéralement en cette période d’hypercommunication, notamment à travers les réseaux sociaux.»

Dessins au stylo Bic

Le traitement graphique des sujets est volontairement succinct, voire simpliste. Olivier Ploux ne vise pas l’esthétique, mais l’impact. «L’exercice du beau n’est pas ma finalité, confirme celui qui voue une grande admiration à l’affichiste Raymond Savignac et aux images à double lecture. Je veux être le plus direct et le plus évident possible.» Si l’essentiel de sa production est actuellement réalisé informatiquement, il crayonne également à la main. Les dessins, effectués au stylo Bic sur un ou deux centimètres carrés, sont alors scannés puis fortement agrandis. Cette amplification confère au tracé un rendu imparfait et brut assez pictural. La couleur est ajoutée à l’ordinateur et le tirage, limité à 20 exemplaires sur papier texturé de très bonne qualité, confié à un imprimeur.

Cette concision du trait au service de thématiques complexes a séduit Cynthia Odier, fondatrice de Flux Laboratory. «J’ai laissé Olivier libre de choisir quelle pièce il voulait montrer, explique-t-elle. Avec une seule exigence: qu’il crée deux images autour de l’élection présidentielle américaine.» L’une, représentant Clinton et Trump, donc, sert d’emblème à l’exposition. L’autre sera présentée mercredi au public genevois, une fois connu le résultat du scrutin du 8 novembre; elle sera également visible en exclusivité sur le site de la Tribune de Genève.

Olivier Ploux «Des mots en images» Flux Laboratory, 10, rue Jacques-Dalphin, 1227 Carouge. www.fluxlaboratory.com

(TDG)