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Tinder - Des Maux en images | Olivier Ploux - Graphisme & lllustration - Annecy
Tinder

Tinder – Des mots en images

Tinder – Des mots en images

Tinder, responsable de la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles ? Selon une étude de l’État du Rhode Island, les applications et sites de rencontres favoriseraient la propagation de la syphilis, ou encore des infections au VIH. Ces explications n’ont rien d’improbable pour la gynécologue et sexologue Hélène Jacquemin-Le Vern.

Les données épidémiologiques présentées par le département de la santé de l’État du Rhodes Island sont impressionnantes : entre 2013 et 2014, les cas de syphilis auraient augmentés de 79%, ce qui est énorme. Les cas de gonorrhées et d’infection au VIH seraient également plus nombreux (+ 30%). Ces chiffres sont inquiétants.

En France, le nombre d’infections à gonocoque continue également d’augmenter selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), dans des proportions néanmoins largement moins importantes. Même chose pour les infections urogénitales à chlamydia. Le nombre de découverte de séropositivité VIH est néanmoins globalement stable depuis 2007, mais il ne faiblit pas.

Ces augmentations sont-elles imputables aux sites de rencontres et aux applications telles que Tinder et Happn, comme le prétend l’étude du Rhodes Island ? En France, l’InVS ne fait pas de lien direct entre les deux. Toutefois, il est clair que plus l’on a de partenaires, plus on multiplie les risques d’attraper une infection sexuellement transmissible (IST).

Ces applications très ludiques sont avant tout un espace de jeu. Tinder, par exemple, fait un focus sur la photo de profil : on aime ou pas, peu importe le reste. Ici, on mise tout sur l’attraction physique : la sexualité devient un loisir empreint de légèreté. Par ailleurs, les avatars que l’on se crée sur les sites de rencontre dissocient de la réalité. On peut se créer un personnage, se sentir invincible. Avec un tel fonctionnement, on diminue fortement la notion de danger.

Aujourd’hui, la sexualité est devenue pour beaucoup un jeu permettant de se faire du bien et de s’amuser. Seule la notion de plaisir prédomine, ce qui déconnecte des responsabilités. Cela rejoint probablement la notion de liberté. Dans un tel contexte, on n’a pas envie de s’embêter avec de la prévention. Si on est dans le jeu et la distraction, on éloigne la notion de santé. De plus en plus, dans notre société individualiste, c’est “ma liberté d’abord, le reste après”.

Par ailleurs, le Sida est désormais considéré comme une maladie chronique, et non plus mortelle, ce qui peut également participer à éloigner la sensation de danger.

Outre l’augmentation des comportements à risque, on mésestime fortement les risques liés au sexe oral. On parle de prévention pour les relations anales ou vaginales, or la syphilis et la chlamydia se transmettent aussi par fellation.

L’étude de l’État du Rhodes Island a le mérite de tirer la sonnette d’alarme. Ces sites pourraient, au moment où l’on clique sur un profil, afficher un message de prévention. Dans cet espace virtuel, un rappel à la vie réelle ne ferait pas de mal !

Source : nouvelobs.com

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Posté le

31 janvier 2016