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France Télécom - Des Maux en images | Olivier Ploux - Graphisme & lllustration - Annecy
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France Télécom – Des mots en images

France Télécom – Des mots en images

France Télécom, dénommée Orange depuis le , était une société française de télécommunications. Au moment du changement de nom elle était la 121e entreprise mondiale, employait près de 172 000 personnes, dont 105 000 en France et servait près de 226 millions de clients dans le monde.

Les médias se font l’écho d’une vague de suicides parmi les employés de France Télécom de janvier 2008 à mars 2010. En septembre 2010, le nombre de suicides depuis le lancement du plan NExT s’élevait à cinquante-huit. Le 26 avril 2011, un cadre de France Télécom, Rémy Louvradoux, s’est suicidé en s’immolant par le feu.

Le changement de stratégie initié par Thierry Breton et poursuivi par Didier Lombard induit des tensions. Les changements de postes à l’intérieur de l’entreprise sont nombreux (14 000 entre 2006 et 2008). L’alliance CFE-CGC/UNSA et SUD ont créé dès 2007 l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, pour en étudier les conséquences sur l’organisation du travail. Les suicides liés au travail, six pendant l’été 2009, posent la question de cette gestion du personnel.

L’interprétation des taux de suicide nécessite une étude détaillée, prenant en compte la structure de la population étudiée (en termes de classe d’âge, de taux d’activité, de catégorie socio-professionnelle,…). Une comparaison simple avec le taux de la population française n’a pas de sens. La population d’employés de France Télécom est elle-même composée de plusieurs catégories socio-professionnelles ayant des taux de suicides différents (par exemple, les ouvriers ont un taux de suicide plus élevé que les cadres). De plus le dénombrement étant fait sur la base de remontées d’information informelles aux organisations syndicales, il n’est pas nécessairement exhaustif. On ne dispose pas non plus de statistiques dans d’autres grands groupes français qui permettraient de prendre en compte la spécificité d’un management complexe de grand groupe sur une population attirée par une relative stabilité de l’emploi.

L’observation simple montre que le taux brut dans l’entreprise au début des années 2000 était élevé par rapport à la moyenne française. Il n’a pas été médiatisé et n’a pas suscité de débats. Le taux observé en 2008 et 2009 est dans la moyenne nationale. Il n’en signale pas moins un problème réel, lorsque le suicide est directement lié aux conditions de travail. On peut argumenter que la spécificité de ces suicides est moins leur nombre, que le fait qu’ils sont commis sur le lieu de travail, ce qui est plus rare (même si peu de statistiques sont disponibles).

Cependant, 2010 est marqué par une hausse très sensible des suicides. 9 se produisent en janvier et février (soit un taux de 5,4 pour 10 000 ou 180 % de plus qu’en 2009). Didier Lombard cède le contrôle opérationnel du groupe le 1er mars 2010 et la présidence du groupe en février 2011. Il est remplacé par Stéphane Richard. 2011 s’est traduit par une très nette baisse, pour revenir au taux de 2008. La responsabilité de Didier Lombard est en cours d’instruction par la justice française puisqu’il est mis en examen en juillet 2012 (avec le numéro 2 de l’époque Louis-Pierre Wenes, l’ex-directeur des ressources humaines, Olivier Barberot et quatre cadres mis en examen pour complicité de harcèlement moral) pour harcèlement moral à la suite d’un rapport de l’inspection du travail mettant en cause la politique de gestion du personnel et une plainte de la fédération SUD-PTT fin 2009.

Le suicidé du 14 juillet 2009 de Marseille notait dans sa dernière lettre : « Je me suicide à cause de mon travail à France Télécom. C’est la seule cause. Urgence permanente, surcharge de travail, absence de formation, désorganisation totale de l’entreprise. Management par la terreur ! » Les témoignages rassemblés depuis la sortie du silence de ce phénomène montrent un malaise profond dans de nombreuses équipes. Certains au contraire veulent défendre leur cadre de travail.

Après dépouillement du questionnaire à tout le personnel de France Télécom, les consultants du cabinet Technolgia remettent leurs conclusions le 14 décembre 2009 et évoquent une « ambiance de travail tendue, voire violente ». « Le ressenti général est très dégradé, notamment en ce qui concerne les conditions de travail, la santé, le stress… ». Dans la « vague de suicides », ils pointent « la grande défaillance du management ». « Les personnels de France Télécom semblent plus que jamais orphelins de sens, de leaders ».

Le 25 septembre 2010, un ancien directeur régional raconte le management mis en place par France Télécom, dont l’objectif aurait été la démission volontaire de 22 000 employés. Il évoque notamment l’existence d’une « courbe du deuil », selon laquelle la direction aurait prévu les phases de dépression par lesquelles sont passés les salariés. Selon Delphine Ernotte, la directrice exécutive adjointe du groupe France Télécom Orange, ce document était au contraire destiné à accompagner au maximum les employés.

Au-delà de la recherche des causes réelles des suicides, l’apparition dans le débat public de la question des suicides chez France Télécom trouve son origine dans des syndicats en posture d’alerte face à une tendance perçue par eux comme grave et d’autant plus inacceptable qu’elle est vue comme liée à des processus de gestion qui pourraient être modifiés. Elle sort cependant du contexte de l’entreprise pour devenir l’otage d’un débat public influencé par des considérations idéologiques, puisqu’il a été reproché aux syndicats de sur-médiatiser un phénomène ordinaire (tandis qu’implicitement on reprochait au personnel de France Télecom son incapacité à s’adapter à des modes de gestion modernes, en le liant au statut de fonctionnaire), tandis que d’autres y voyaient le dévoiement des méthodes de gestion centrées sur le rétablissement de la performance financière au détriment de toute considération sociale.

Le 6 janvier 2015 est close l’enquête sur la vague de suicides et qui pourrait ouvrir la voie à la reconnaissance par la justice d’un harcèlement moral institutionnel.

Source : Wikipédia

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Posté le

20 juillet 2016