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Superdogan

Superdogan – Des mots en images

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Erdogan, la folie des grandeurs

En Turquie, le « oui » et le « non » sont au coude-à-coude pour le référendum constitutionnel de dimanche, qui pourrait élargir encore les pouvoirs du président. Un résultat positif donnerait un blanc-seing supplémentaire à Recep Tayyip Erdogan, qui n’a cessé d’étendre son empire sur le pays.

Sa force, c’est d’abord le verbe. Avec sa voix de stentor, Recep Tayyip Erdogan est un redoutable tribun qui, dans ses discours enflammés, mêle les mots de la mosquée à ceux de la rue. « Chers frères, ils ont lancé une croisade contre le Croissant », tonnait, mi-mars, sur un ton de prêcheur, cet ancien élève d’un imam hatip (lycée religieux), pourfendant les juges de la Cour de justice de l’Union européenne après un arrêt autorisant une entreprise française à interdire le voile au travail.

Dans ses discours de campagne pour le référendum organisé dimanche 16 avril et destiné à élargir encore ses pouvoirs, le président turc alterne les paraboles coraniques, les références à l’histoire ottomane, les proclamations politiques et les invectives contre les partisans du « non » assimilés aux « putschistes » de juillet ou aux « terroristes ». Il peut être tour à tour lyrique pour annoncer la construction « du pont suspendu le plus long du monde » au-dessus du détroit des Dardanelles, et imprécateur pour dénoncer le « gang global » conspirant contre la Turquie.

L’ex-gamin des rues de Kasimpasa, au cœur du vieil Istanbul, parle cru. Jamais un leader politique de premier plan n’a su s’adresser aussi directement à cette autre Turquie, celle du petit peuple croyant des banlieues et de la bourgeoisie conservatrice de l’Anatolie, marginalisée pendant des décennies par les « Turcs blancs », les élites occidentalisées, pilier de la République inspirée du modèle jacobin créée par Mustapha Kemal Ataturk sur les décombres de l’Empire ottoman. Mais la magie de la parole du « Reis », comme l’appellent ses partisans, ne fonctionne plus comme avant.

« Il se sent investi d’une double mission : redonner à l’islam toute sa place en Turquie et redonner à la Turquie son rang dans le monde » Cengiz Candar, éditorialiste proche de Recep Tayyip Erdogan

Source : Lemonde.fr

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