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Nucléaire iranien

Nucleaire iranien - Des Maux en images | Olivier Ploux - Graphisme & lllustration - Annecy
Nucleaire iranien

Nucleaire iranien – Des mots en images

Nucléaire Iranien : douze ans de négociations

L’arrivée au pouvoir de Barack Obama change la donne. Le nouveau président américain écrit au Guide suprême, Ali Khamenei, en mai 2009, et se dit ouvert à une relance du processus diplomatique. Mais son entourage est divisé, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, est ouvertement sceptique. A l’été 2009, M. Obama franchit pourtant le pas : il propose aux Iraniens de leur livrer de l’uranium enrichi à 20 % dont ils ont besoin pour leur centre de recherche médicale de Téhéran, et qu’ils ne peuvent, à ce stade, pas encore produire. En échange, l’Iran doit remettre aux Occidentaux son stock d’une tonne d’uranium enrichi à 5 %, soit assez pour se lancer dans la fabrication d’une arme nucléaire.

Là encore, l’initiative tourne court. En Iran, le Guide suprême redoute qu’un tel accord profite avant tout à son rival M. Ahmadinejad et torpille l’opération. Et aux Etats-Unis, les adversaires d’une telle mesure ont aussi donné de la voix. Depuis le lancement des premières négociations, il y a une constante. Quand l’Iran était disposé à négocier en 2003, les Etats-Unis ne l’étaient pas. Et inversement en 2009. Il a fallu attendre l’élection surprise du président modéré iranien Hassan Rohani, en juin 2013, pour que la situation se débloque. A la fois par résignation et par réalisme.

L’ACCORD ARRACHÉ À GENÈVE, LE 24 NOVEMBRE 2013, A ÉTÉ UN PREMIER PAS INÉDIT VERS UN RÈGLEMENT DU PROGRAMME NUCLÉAIRE IRANIEN.

Après dix ans de face-à-face stérile, il n’y avait que des perdants. L’économie iranienne a été lourdement pénalisée par les sanctions, mais celles-ci n’ont pas réussi à freiner le développement du programme nucléaire iranien : le nombre de centrifugeuses dont dispose le pays a été multiplié par cent depuis 2003. L’accord arraché à Genève, le 24 novembre 2013, entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », comprenant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne, a été un premier pas inédit vers un règlement. Il s’est traduit par un gel provisoire du programme nucléaire iranien et une levée partielle des sanctions internationales contre Téhéran.

Mais les négociations, initialement destinées à ne durer qu’un an, ont ensuite traîné en longueur. Elles ont été prolongées à deux reprises et il a fallu attendre le 2 avril 2015 pour arriver à un accord-cadre à Lausanne (Suisse) sur les principaux paramètres d’un compromis final. Il prévoit de limiter le programme nucléaire iranien pendant au moins dix ans, en échange d’une levée progressive des sanctions internationales. L’étape suivante consistait à « mettre en musique » ces dispositions dans des annexes techniques d’une redoutable complexité. Les experts des différentes délégations ont planché pendant des semaines, à Vienne, sur les moindres détails de ces textes. Au terme de plusieurs prolongations et d’arbitrages hautement politiques, l’Iran et les grandes puissances ont réussi à sortir de l’impasse. C’est un succès indéniable et un tournant majeur. Reste alors le plus dur : la mise en œuvre de l’accord. Un chantier qui pourrait durer au moins dix ans.

Source : Lemonde.fr – Jean-Michel Riols

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Posté le

15 juillet 2015